Chers lecteurs, voici la Porte Cailhau : elle se dresse sur la place du Palais, du côté du fleuve. Située entre les deux embouchures des deux principales rivières de Bordeaux, le Peugue (cours d’Alsace-et-Lorraine) et de la Devèze (rue de la Devise), elle a longtemps été la principale entrée dans la ville depuis le port. Autant vous dire que de l’importance dans le paysage bordelais, elle en a, ça oui! Elle donne accès au Palais de l’Ombrière, résidence des ducs de Guyenne, puis siège du Parlement de Bordeaux à partir de 1462.
Dis, raconte-moi l’histoire de La Porte Cailhau
Attrapez vos stylos, nous avons quelques informations qui pourraient bien vous intéresser. D’abord, on s’est beaucoup posé question sur l’origine de son nom : pour certains historiens, elle rappelle le nom d’une puissante famille bourgeoise bordelaise, les Cailhau, établie près du Palais de l’Ombrière, non loin de la porte. Cette famille a d’ailleurs donné plusieurs maires à la ville aux XIIIe et XIVe siècles. Autre hypothèse : Cailhau renverrait au mot « caillou » (cailhau en gascon), nom donné au quai en pente douce pavé en caillou de rivière : simple, efficace et logique !
Vous pouvez aller à la ligne, car c’est une deuxième donnée historique qui vous attend : la Porte Cailhau, c’est une porte défensive ouverte dans les fortifications du XIVe siècle. Entre 1493 et 1496, les jurats décident de la reconstruire afin de donner une entrée monumentale à la ville. Le hasard a voulu qu’au même moment, le roi Charles VIII, lors des premières campagnes d’Italie, remporte la bataille de Fornoue, durant laquelle l’archevêque de Bordeaux, André d’Espinay, conduit un contingent bordelais. Vous suivez ? La porte devient donc monument commémoratif, symbolisant l’attachement des Bordelais au royaume de France.
Mesdames et messieurs, approchez et admirez, pendant qu’on vous explique. La porte équipée d’une herse, de meurtrières et de mâchicoulis, rappelle le caractère défensif des portes du Moyen Âge. Si ces noms vous renvoient à vos années collège, c’est normal, et un peu de révision ne fait pas de mal! Les archères donnent du côté fleuve, mais aussi du côté de la ville. Notez, côté ville, la trace de l’ancien rempart : en son sein, une porte qui a permis l’accès au chemin de ronde. Quant aux élégantes tourelles de sa toiture, ses fenêtres à meneaux surmontées d’accolades, ses niches à dais flamboyants, son décor sculpté représentant les armes de France ou les statues du roi et de l’archevêque de Bordeaux, elles sont les témoignages flamboyant d’un héritage du style de la Renaissance.
La statue du roi en marbre blanc, le montre tenant globe et sceptre : une démonstration de toute-puissance très claire pour tout le monde, n’est-ce pas ? La statue du roi sera brisée par les Révolutionnaires en 1793 mais heureusement remplacée par une copie en pierre en 1880.
Ce beau monument nous est cher. Pour cette raison, au XVIIIe siècle, le marquis de Tourny décide de le conserver quand il fait raser les remparts et les anciennes portes médiévales pour édifier la façade des quais. Merci Marquis, quelle bonne idée de la conserver !
En 1864, trois locataires, un cordonnier, un peseur de sel et un écrivain public s’installent dans la porte. Ils y resteront jusqu’en 1882.
Une mise en lumière et la rénovation de la place du Palais en 2010 ont permis de valoriser le monument. Du haut de cet édifice, le visiteur a une vue imprenable sur le premier pont de Bordeaux, le pont de pierre… Magique !
La Porte Cailhau
Bordeaux
Classée Monument Historique
À voir, à faire, à proximité de la Porte Cailhau
Le musée des douanes
Sur le même quai que la Porte Cailhau, la place de la Bourse avec sa fontaine et son miroir d’eau est certainement l’un des édifices les plus « instragrammés » de Bordeaux. L’une de ses ailes accueille le Musée national des Douanes, classé Monument Historique. C’est toute l’histoire de cette administration au fil des siècles qui nous
est racontée avec une kyrielle d’objets divers issus de saisies. On oscille ici entre le cabinet de curiosités et le palais des objets de contrebande.