Oui, alors vous allez nous dire “oh mais oui, mais je connais La Grosse Cloche !”. Oui, enfin, posez-vous quand même, cher lecteur, et lisez-nous jusqu’au bout, histoire de vraiment connaître la plus emblématique des portes de Bordeaux.
Dis, raconte-moi l’histoire de La Grosse Cloche
Déjà, une info incongrue : à l’origine, la porte ne possède pas cloche et s’appelle Saint-Eloi. La Porte Saint-Eloi est la seule survivante des portes édifiées au XIIIe siècle. Respect, donc. Cependant, son allure actuelle date de bien plus tard, parce que l’Histoire, et notamment celle de l’architecture, sont passées par là.
Lors d’une première restauration, en 1449, on ne conserve que deux tours, en les surélevant et les reliant par une construction qui abrite une cloche. Un siècle plus tard, pour calmer les révoltes bordelaises, le roi Henri II supprime les privilèges de la ville et fait déposer « la Grosse Cloche » et l’horloge. Dites donc, ça ne rigole pas à cette époque.
Une centaine d’années plus tard, 2e session de restauration : et oui, figurez-vous qu’un incendie s’est déclaré à l’Hôtel de Ville et que le feu a endommagé l’une des tours de notre cloche préférée.
L’énorme cloche, qu’on peut aussi nommer “bourdon” est baptisée Armande-Louise : c’est vrai, depuis tout ce temps, on ne savait même pas qu’elle avait un prénom !
Sur sa robe sont frappées les armes de France, de la ville, les armoiries du maréchal de Richelieu, gouverneur de la province de Guyenne, parrain de la cloche et celle de la duchesse d’Aiguillon, sa marraine. Ça en fait des dédicaces !
Nous en venons à votre prochaine question : à quelle occasion sonne-t-elle ? Et bien, elle résonne plusieurs fois par an fois par an, à l’occasion des grandes célébrations : Le 1er janvier, les 1er et 8 mai, le 14 juillet, le 28 août (Libération de Bordeaux en 1944) et le 11 novembre à 11h00 mais aussi le 1er dimanche de chaque mois à midi (c’est important, on est tous à pied en centre-ville!) et lors de la fête de la nature du quartier Saint-Eloi.
Les deux horloges qui ornent les façades nord et sud de la « Grosse Cloche », sont remarquables, et méritent une attention particulière. Celle installée au nord est enchâssée dans un cadre en pierre réalisé à la Renaissance. On pourrait y lire les indications des heures et les phases lunaires en trois dimensions à l’aide d’une sphère tournante.
L’horloge astronomique imaginée en 1759 par le mathématicien et astronome Paul Larroque est installée au sud et un maître serrurier bordelais en élabore les rouages complexes. Son fronton en demi-lune abrite un cadran d’équation solaire qui permettait, quand il était actif, d’ajouter ou de retrancher suivant la période, un certain nombre de minutes à l’heure solaire. Cette horloge du XVIIIe siècle a été conservée et l’horloger mécanicien Gaston-Jean Guignan en a remplacé et simplifié le mécanisme en 1912. En janvier 2020, ce dernier a été entièrement révisé, et c’est reparti pour un tour de cadran de plusieurs années ! Lors d’une récente restauration, la « Grosse Cloche » a été mise en lumière. Quand tombe la nuit, l’édifice est enveloppé d’une lumière bleu-Klein qui lui donne un aspect irréel et féérique. Iconique, non?
La Grosse Cloche,
Bordeaux
La porte et les tours, dites de la Grosse Cloche, sont classées au titre des monuments historiques.
À voir, à faire, à proximité de la Grosse Cloche
Le Musée d’Aquitaine
Le Musée d’Aquitaine, à mi-chemin entre la Grosse Cloche et la Tour Pey Berland est le sanctuaire de Bordeaux et de la Nouvelle-Aquitaine depuis les premières occupations jusqu’au XVIIIe siècle. Labellisé « Musée de France », il retrace, avec son parcours permanent, 2 000 ans d’histoire. C’est au Musée d’Aquitaine que sont exposés plus de 4 000 objets mis au jour lors des nombreuses fouilles successives de la ville de Bordeaux
lors des grands travaux d’urbanisation : céramiques, stèles funéraires, statues, sculptures, objets divers,… Ses
collections du XVIIIe siècle témoignent de l’âge d’or de la ville, tandis que ses expositions temporaires complètent et agrémentent la visite.