Quand on examine avec attention les cartes de Belleyme et de Cassini, publiées au XVIIIe siècle et qui concernent le département, on repère de très nombreux moulins à vent. L’inventaire dressé sous Napoléon Ier (1809) recense précisément 1801 moulins, chiffre qui reflète l’importance de ce patrimoine bâti, qui rythmait la vie quotidienne des populations rurales girondines. C’est dire aussi la part considérable des surfaces consacrées à la culture des céréales ; celles-ci (blé, froment, orge, seigle), loin devant la vigne, occupaient jadis la grande majorité des terroirs. Le pain avait alors une importance primordiale dans l’alimentation de tous les jours.
Que reste-t-il de ces moulins ?
La plupart ont perdu leur toiture, leurs ailes et leur mécanisme. Seule, une tour cylindrique encore debout rappelle l’existence d’un moulin à vent. Depuis quelques années, plusieurs moulins à vent ont été restaurés, ont retrouvé leurs ailes et font farine…
C’est l’œuvre d’associations communales (moulin de Cussol à Verdelais, moulin du Grand Puy à Lansac, moulin du Haut Benauge à Gornac), ou de propriétaires privés (moulin de Calon à Montagne). Un moulin à vent a été construit de toutes pièces, comme autrefois ; c’est le cas du moulin des Grandes Vignes à Périssac.
Quelques mots sur les moulins à vent
Les moulins à vent, qui sont presque exclusivement des moulins à grain, sont présents en France, notamment sur la façade atlantique, la Manche, le Bassin Parisien, mais aussi dans le midi, sur l’axe Guyenne-Lauragais-Provence et bien sûr en Gironde.
Les moulins à vent sont des édifices très soignés. Leur fût cylindrique élancé (de 6 à 8 m de hauteur) est construit en pierre de bon appareil calcaire ou en moellons simplement recouvert d’un crépis. Deux portes d’entrée opposées, souvent d’orientation est-ouest, permettent l’accès au moulin, quelle que soit la position des ailes. Les encadrements des portes et fenêtres sont en pierre de taille et sur certains linteaux des portes est mentionnée la date de construction du moulin ou le nom de son propriétaire. Au rez-de-chaussée se trouve parfois la bluterie et l’ensachage, et parfois une cheminée ou le lit du meunier sous l’escalier de pierre pris dans la maçonnerie de la tour. Suit un premier étage intermédiaire où se trouvent quelques pièces de machinerie (régulateur de vitesse à boules, poulies…) et un second étage où se trouvent la partie moteur et le mécanisme de mouture. L’escalier permet au meunier de monter les sacs de grain jusqu’à la chambre des meules.
La tour porte le chapiteau, c’est-à-dire l’ensemble virant, la toiture conique couverte de bardeaux de châtaigner et l’arbre moteur. Ce dernier, appareil essentiel de prise au vent, porteur des ailes et du grand rouet, introduit le mouvement de rotation à l’intérieur du moulin, nécessaire pour actionner les meules. Pour fonctionner, les ailes à barreaux et cotrets, fixées au bout de l’arbre moteur, sont entoilées. De plus, elles sont inclinées pour obtenir une meilleure prise au vent. De la lucarne située sur la partie arrière du toit conique sort une grande perche de chêne solidaire de la charpente qui descend jusqu’au sol : c’est le timon qui sert à virer le toit, pour mettre les ailes au vent, dans sa direction et face à lui.
Les moulins sont parfois posés sur une motte artificielle qui constitue une terrasse qui permet d’accéder aux ailes, à l’intérieur de laquelle se trouve une cave servant de lieu de stockage du grain et de la farine.
Un authentique moulin à vent : le moulin de Vensac
Si votre balade vous mène en Médoc, arrêtez-vous au moulin de Vensac !
Ce moulin de la fin du XVIIIe siècle, situé à 2 km, a été démonté pierre par pierre en 1858 pour être reconstruit à son emplacement actuel. Le meunier profite de la reconstruction pour aménager de nouveaux mécanismes : godets, vis sans fin, tamis… De 1878 à 1913, le moulin est détenu par plusieurs propriétaires successifs et dépourvu de certains éléments mis en place en 1858. Il s’endort en 1939, en raison de la mobilisation de son meunier, puis reprend vie en 1982-1983, restauré par la famille Piquemal avec ses équipements d‘origine : courroie à godets, engrenages, vis sans fin, blute, moteur auxiliaire. La charpente, le rouet, les meules sont d’origine. La bluterie est située dans une petite construction à côté du moulin. Le moulin, qui produit de la farine de blé et de sarrasin, est primé en 1985 au concours « chefs d’œuvre en péril » pour sa restauration.
La tour du moulin est surmontée d’un toit conique recouvert de planches de pin goudronnées afin d’en assurer l’étanchéité.
Comment fonctionne un moulin à vent ?
- le meunier oriente les ailes face au vent
- à l’aide du cabestan, il exerce traction sur la queue (ou guivre) et provoque la rotation du toit sur un rail de chêne situé au sommet de la tour
- Les ailes sont entoilées (50 m2 de toiles)
- Le frein desserré, les ailes se mettent à tourner en transmettant le mouvement à tours les éléments intérieurs.
- Au rez-de-chaussée, une courroie à godets prend le grain et l’achemine jusqu’aux deux grandes meules situées six mètres plus haut.
- A l’étage supérieur, le grain écrasé ou mouture est recueilli autour des meules dans un coffre de bois avant de s’écouler jusqu’ à la farinière, située au rez-de-chaussée ; Là, la mouture est transportée par une vis sans fin jusqu’au tamis, où l’écorce du grain est séparée de la farine par un tamis long de 4m et muni d’une toile très fine.
M. Piquemal, authentique meunier, manœuvre le moulin de ses ancêtres, pour le bonheur de tous. Lors de votre visite, il vous livrera tous les secrets de cette formidable machine, qui fait l’objet de ses soins attentifs ! Une aire de pique-nique est également à votre disposition.
M. et Mme Piquemal- 19 Route du Moulin de Vensac- 33590 Vensac
05 56 09 45 00
www.moulindevensac.fr – infos@moulindevensac.fr